L’eÌteÌ 86 est celui de Tchernobyl. Et le mur est aussi celui d’une gigantesque prison. Trois ans plus tard, il s’eÌcroule. DeÌsormais, d’Est en Ouest, le communisme est vraiment mort. Et pour ceux de l’Est, Coca Cola est devenu le symbole de la liberteÌ.
En 15 eÌpisodes, c’est une seÌrie exemplaire : en nous la donnant aÌ€ vivre, elle nous raconte qu’elle est la plus belle manieÌ€re de ressusciter la meÌmoire, mais aussi, paradoxalement, de l’assassiner.
Est-Ouest, cadreÌe par l’Histoire des historiens et des journalistes, va au cœur d’une autre histoire, singulieÌ€re, intime, toute aussi reÌelle. Par le documentaire, avec tous les protagonistes qui se revoient trente – cinq ans plus tard. Un documentaire, en une saga passionneÌe, qui se raconte comme une fiction, car tout document n’est jamais, en fait, que l’invention du reÌel, attestant pourtant de la veÌriteÌ d’une eÌpoque et des sentiments.
AouÌ‚t 1986, 3 ans avant la chute du mur de Berlin, une rencontre amoureuse, hasardeuse, dans une rue nocturne, aÌ€ Budapest. Elle va connaiÌ‚tre un corps aÌ€ corps de tous les instants, malgreÌ tous les interdits. Ferenc, un jeune homme venu de Roumanie, y passe «ses vacances» pour tenter de fuir en Occident. AÌ€ ses risques et peÌrils, Richard l’emmeÌ€ne dans sa voiture jusqu’aÌ€ Bruxelles, en traversant les frontieÌ€res illeÌgalement.
Quand ils se retrouvent aujourd’hui, tout a changeÌ : tout est perdu et tout est retrouveÌ, fissureÌ, meÌconnaissable. L’amour peut-il reprendre laÌ€ ouÌ€ le fil a eÌteÌ casseÌ ? De Bucarest aÌ€ Budapest (lieu de rencontre), de Budapest aÌ€ Vienne (premieÌ€re escale, de Vienne aÌ€ Bruxelles (lieu de l’amour trahi), de Bruxelles aÌ€ Stockholm (lieu d’acceptation de l’asile), il y a le passage des frontieÌ€res de la guerre froide sans passeport. Pourtant, malgreÌ cette eÌpreuve commune, le romantisme vole en eÌclats sans pouvoir en saisir la raison. Et aÌ€ La gare du Nord, s’enfuit le train d’une incompreÌhensible deÌchirure. Une meÌmoire en acte, comme la mer deÌmonteÌe, toujours recommenceÌe.
Quand Ferenc est arriveÌ en Occident, son premier geste fut de s’arreÌ‚ter devant le distributeur de Coca-Cola, boisson phare du capitalisme ameÌricain en l’avalant d’une traite. Voyant mon eÌtonnement, Il dit: «tu ne peux pas comprendre, c’est avaler la liberteÌ ». Cela sonnait comme un creÌdo : « Coca Cola for ever ».
Est-Ouest, il eÌtait une fois, n’est pas un conte pour enfants. C’est maintenant, dans un monde autrefois bloqueÌ, plombeÌ par un mur qui paraissait eÌternel, immuable, infranchissable. Pourtant, ce mur, non seulement, fut franchi, mais s’est eÌcrouleÌ. MeÌ‚me enfermeÌe dans un recoin sombre, la meÌmoire ne peut exister qu’au preÌsent. S’il lui faut une cleÌ pour en sortir, le tout est de la trouver. Au risque de se perdre. Et de crier sans fin.
Réalisateur : Richard Kalisz
Montage et mixage : Bernard Delpierre
Chanteur : Moane Sahli Redouan
Accompagnement musical : AndreÌ Reinitz Protagoniste : Ferenc Parkas
Traducteur·rices : Mihaella Adina, Koen Nottebaert
Citations musicales : « 1900 » d’ Ennio Morricone et « Les absents » de Francis Cabrel
Participations : Claude Flagel, Lou Flagel, Anne-Marie Loop, Grace Winter
Titres : Nadim Zohrodin
Production : Théâtre Jacques Gueux