Sur le bitume trois containers, un rouge, un jaune, un bleu.
Autour des containers : des immeubles, des gens.
A proximité du container jaune, une antenne.
Aucun doute on est bien face à une radio.
Dans Gymnastique Sonore cette semaine on va lâcher l'ancre à Raadio Caargo.
Pendant un mois et demi une radio éphémère s'est implantée aux Ateliers du Vent, dans le quartier de Cleunay. C'était du 7 juin au 21 juillet.
A l'origine de ce projet deux personnes : Aurélia Nardini et Christophe Aslanian. Tous les deux sont passés par les Beaux-Arts ; ils sont aussi musiciens, plasticiens sonores, expérimentateurs inouïs.Et dans leur voyage à terre ils sont accompagnés par deux matelots. Le projet de Raadio Caargo a pour ambition de faire entendre : les grands et petits mots du quartier, les cris et les murmures des histoires, les sons et pas toujours la voix.
D'un pronom qui ne dit pas son nom j'en arrive au « je » parce que j'ai passé du temps avec eux :
Aurélia, Christophe, Azu et Bastien.
Je veux croire que chaque groupes de mots, de sons est/ait une histoire.
Que chaque histoire ait une forme contenue dans un rectangle.
Que chaque rectangle puisse être un container.
Que le poids ne pèse pas mais soi.
Et qu'alors chaque rectangle soit porté par un ensemble, par un cargo.
Je veux croire que chaque souvenirs éphémères dépassent les frontières des mers, et celles du
temps.
Je veux croire que tant qu'on parle des instants ils restent encore vivants. Que ce n'est pas qu'une
question de temps, de temps présent.
A bord du Caargo l'éphémère prolifère, les bras sont ouverts.
Alors, dans cette radio qui porte le nom d'un bateau j'ai eu envie de déposer quelques rectangles,
pour que des souvenirs individuels voyagent avec d'autres ; pour que nos mémoires s'assemblent.
Raadio Caargo, une radio éphémère qui parralèlement au temps et au médium pose la question du
travail ; seul.e ou avec d’autres.
Comment êtres avec d’autres ? Sans être sans, sans être hors. Hors de quoi ? De quels cadres ?
Dans Gymnastique sonore, l’odysée de ces convergences touche à sa fin. A quelle fin ? Trois petits points.